En décembre 1999, je travaillais à Bruxelles pour The Boston Consulting Group (société de conseil en management stratégique) et Marta et moi avions décidé de déménager à Madrid et de monter un portail de tourisme rural.
Je me souviens d’une conversation que j’avais eue à l’époque avec mon manager, Yvan Jansen, qui me disait que se lancer dans autant de changements en même temps était une décision risquée : je ne connaissais rien au tourisme, ni à Internet, ni au monde rural (je n’avais effectué qu’un seul séjour dans un gîte rural en Belgique) et n’avais jamais travaillé en Espagne… Yvan avait raison, cela faisait beaucoup de changements d’un coup et peu d’atouts pour réussir cette entreprise en terrain totalement inconnu. Qu’à cela ne tienne : nous nous sommes lancés et, âgés d’à peine 25 ans, nous avons monté Toprural.
Nous ignorions tout de ce qu’il fallait savoir, mais nous étions conscients de nos lacunes et aucune n’était insurmontable. Nous nous sommes donc installés à Madrid en mars 2000 et avons débuté notre projet.
Nous n’avions pas d’expérience en webdesign? Nous avons acheté le livre “Designing Web Usability” de Jacob Nielsen et l’avons suivi à la lettre, autant que possible, pour imaginer le design du portail (on pourrait croire que je plaisante mais c’est vraiment comme ça que ça s’est passé !).
Nous n’avions pas d’expérience dans le domaine du Web? Nous nous sommes associés avec Juan Andrés Alvarez Valenzuela, un super-programmeur-visionnaire du Net qui avait quelques années d’expérience dans le développement web.
Nous n’avions pas d’expérience en tourisme rural ? Nous avons acheté tous les guides qui existaient sur le sujet et avons contacté les auteurs du meilleur ouvrage (l’annuaire du tourisme rural). Le projet leur a plu, ils nous ont apporté beaucoup d’idées et nous avons fini par nous associer.
Nous n’avions jamais monté d’entreprise ? La première pierre fut posée en décidant que je me dédierais au projet à temps plein et que nous y investirions nos économies (auxquelles s’ajoutaient les sommes mises par quelques membres de nos familles et amis, soit près de 100.000 € au total).
J’étais persuadé qu’avec un peu (voire beaucoup) de volonté et de chance, il n’y avait pas de secteur où nous ne pourrions nous faire une place, à condition de nous investir à 100% et de bien faire les choses. Rétrospectivement, je me dis que c’était pas gagné d’avance mais qu’il fallait le tenter.
Au pire, nous aurions perdu nos économies, l’investissement de personnes qui savaient qu’elles pouvaient le perdre (ce n’était pas un emprunt que nous aurions du rembourser en cas d’échec) et quelques années de travail, qui, dans tous les cas, auraient toujours constitué une expérience bonne à prendre, même si notre projet n’aboutissait pas.
Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter et je recommande à tous ceux qui sont tentés par l’aventure de se jeter à l’eau. En fin de compte, je pense que le plus important est de tenter le coup, et de s’associer à des personnes qui te complètent.
Article également publié en espagnol